Extraits des discussions entre le compositeur et les commanditaires autour de l’étude
« Jonathan : j’ai commencé à poser un tapis harmonique et inéluctablement y a un truc blues, un peu mélancolique, je n’irais peut-être pas jusqu’à la nostalgie, mais mélancolie c’est sûr, ça traverses tous les morceaux, je n’ai pas pu lutter contre ça
d’ailleurs c’est assez fou : je viens d’entendre à la radio que le concept de nostalgie avait été à Mulhouse par un médecin d’ici qui observait le mal du pays des garnisons suisses arrêtées en ville…
Khaled : ça s’englobe bien, ça complète vraiment toute la notion mulhousienne qui est complexe, bien sûr que c’est important de, par le biais d’un hymne, permettre aux Mulhousiens de retrouver une certaine idée de la fierté, mais d’un autre côté, on en avait parlé d’ailleurs, l’identité c’est important et je pense que la mélancolie, ça fait partie intégrante de l’identité des Mulhousiens, donc c’est bien aussi de l’avoir retranscrite, enfin c’est personnel
Manuel : c’est pour ça que je parlais de lumière. Est-ce que justement le propos c’est pas de dire finalement on ne se l’ait jamais dit comme ça, est-ce que finalement notre commande c’est pas de dire, cette nostalgie on aimerait bien, ça peut être une énergie et le transformer et peut-être partir de cette nostalgie comme tu as fait et en même temps l’amener ailleurs, l’amener sur quelque chose de plus énergique
Moussa : en parlant de l’objectif des nouveaux commanditaires, là du coup il y a la question de garder une identité dans la diversité, en fait c’est un peu ça
Jonathan : moi je vais vous dire tout de suite, j’ai éradiqué le mot identité de mon vocabulaire parce que l’identité, c’est précisément ce qui ne bouge pas…Ou alors ce sont des couches d’identités qui sont tout le temps en mouvement et l’une bouffe l’autre et l’autre se réveille
Manuel : pour moi il n’y a rien à ajouter, il manque quelque chose, c’est cette lumière ou je te dis cette volonté parce que c’était quand même cette volonté, c’était notre volonté en tout cas, de vouloir, je vais reprendre ce que j’ai dit tout à l’heure de transformer cette nostalgie en quelque chose de plus positif
Khaled : moi je me mets à sa place deux minutes, il est arrivé, il a rencontré des « Mulhousiens », entre guillemets, qui ont commencé à lui faire part de leur envie de donner un aspect super positif de Mulhouse et de changer un petit peu l’image négative que cette ville peut avoir et donc ça c’est le début, l’entrée en matière et dans la minute qui suit, ça commence à raconter, enfin je parle pour ma part, je ne sais pas ce qu’il en était pour vous. Jonathan, c’est forcément une éponge donc même si on lui dit faut être positif, il entend l’aspect négatif, il s’imprègne de tout ça et c’est ce que je ressens et c’est pour ça que je trouve que pour moi c’est pas choquant au contraire
Manuel : ah non, ce n’est pas choquant du tout
Khaled : c’est une question d’équilibre, de dosage et je trouve que le dosage est bon justement
Jonathan : il y a de ça, après j’ai l’impression que ce que tu dis, j’y suis sensible, j’en ai envie, mais je ne suis pas sûr que ce soit ajouter un morceau, je pense que c’est la manière dont on pourrait faire de cet objet quelque chose qui va être une incitation à la joie
Manuel : je trouvais que le côté uniquement fier, c’était très bizarre parce que justement j’y mets un côté un peu négatif et surtout fier à Mulhouse, je trouve ça un petit faux, mais par contre j’ai toujours trouvé moi qui ne suis pas de Mulhouse, j’ai toujours trouvé ça très marrant
Moussa : ‘marrant’, ce n’est pas encore la joie
Manuel : non, mais moi je trouvais ça rigolo, tous les petits gars des cités, avec leur accent alsacien mélangé, moi ça m’a plu, pendant deux ans, c’est le truc qui me faisait le plus rigoler
Sandrine : on n’a pas envie d’éliminer la nostalgie, on a envie de se dire qu’elle peut nous conduire quelque part
Jonathan : après je peux changer des choses, il peut y avoir des interludes. J’ai l’impression quand je parle d’ésotérisme, que les joies se passent beaucoup aussi dans les maisons
…c’est peut-être pas ça, raconter des joies simples, familiales, intimes, entre potes, des trucs comme ça »