Pourquoi le titre « Mulhouses »
par Jonathan Pontier -compositieur
J’ai longtemps eu recours à une forme de mythologie, en tous cas de symbolique, pour dénommer mes œuvres. Comme un ami me le faisait remarquer, c’était souvent aussi des titres recourant à la conjonction (ex L’Écorce et le Noyau)
Pour ce projet, avant la composition de l’étude, j’avais l’intuition que le nom de la ville devait absolument être présent dans le titre, avec l’inquiétude légère de la rendre anecdotique, car trop attachée aux contingences du projet.
Un hiatus en somme, entre le fait de vouloir trop rattacher l’œuvre à sa commande et au lieu, et celui de rendre l’œuvre la plus ouverte possible.
Trouver l’idée qui puisse fusionner le “localisme” de l’œuvre et son nomadisme, son particularisme et son universalisme…
En composant l’étude me vint un concept simple, du type “Tales of Mulhouse”, “Saudade de Mulhouse”, etc. Cela ouvrait, mais sans tout dire ni tout résoudre.
Puis un ami qui avait écouté la pièce, une personne totalement extérieure au projet, à ses contingences et à nos discussions, me suggéra qu’il ne s’agissait in fine “que” d’un projet musical, qui invite au voyage intérieur.
Que les notions de joie, de mélancolie, de balade initiatique, sont des sentiments universels, que l’on peut ressentir partout. L’intituler tout simplement “Mulhouse”, sans rajout ni artifice, allait simplement nous donner un mot, un seul mot magique, celui, disons, de l’origine réelle ou fantasmée de ce voyage.
Chacun et chacune au fond, allait être convié(é) à fabriquer son “Mulhouse” intérieur sur la base des sentiments mitigés que propose la musique. Mulhouse comme un endroit réel autant que symbolique, sorte de terre d’origine par où tout arriva et où tout reviendra.
Depuis le début que l’on parle de fierté, j’ai envie de dire peut-être, mais alors une fierté non concertée. Je me méfie de ce genre de truc qui pourrait être, d’un côté, une utilisation militariste de la musique et de l’autre, ce qui pourrait être compris comme une propagande pro-cosmopolitique, parce que l’on évolue ces moments troublés où avec des concepts mal présentés, des mots mal tournés, on peut froisser des gens. Le véritable enjeu pour moi d’un projet comme ça c’est que les gens si c’est possible s’éclatent avec la musique et qu’ils sortent de ces questions qui sont des questions qui rétrécissent plus que des questions qui ouvrent.